Le livre de poche

Des livres qui ne rentrent pas vraiment dans la poche et une BD poilante.

La Vie des choses
3 min ⋅ 04/10/2024

En pleine rentrée littéraire, j’ai l’audace de vous parler de livres de poche ? Je l’avoue : je n’achète quasiment (1) que des livres de poche. Dans mon salon, j’ai même une bibliothèque spécialement imaginée pour les ranger (bien qu’elle soit envahie par les CD alors que nous n’avons plus de lecteur CD mais c’est une autre histoire), avec des rayonnages dont la hauteur et la profondeur sont réduites (2). Alors, évidemment, il y a l’argument pécuniaire (qui ne voudrait pas pouvoir acheter ENCORE PLUS de livres ?) ainsi que l’argument pratique (un livre de poche, s’il ne rentre pas vraiment dans une poche, se trimballe et se range plus aisément qu’un livre grand format).

C’est d’ailleurs dans cette optique que la Librairie générale française, alias le Livre de poche, publie en 1953 le tout premier livre de poche français (3). L’heureux élu est Koenigsmark, un roman de Pierre Benoit initialement paru en 1918. Au programme : petit prix (tout de même 3 ou 4 fois moins cher) et petit format.

Mon problème est tout autre. Je n’arrive pas à suivre le rythme de l’édition (qui le peut ?) : 459 livres sont sortis pour cette rentrée d’automne (versus 466 en 2023) alors que ma PAL, elle, ne désemplit JAMAIS. Il y a des sorties que je ne veux pas rater (merci la bibliothèque municipale !) mais je crois que j’aime me laisser le temps d’oublier telle ou telle chose qu’on m’a dite ou que j’ai entendue sur un texte avant de m’y plonger moi-même. J’aime lire sans parasitage. L’attente de la sortie en poche m’offre ce luxe.

Si ce n’est qu’il y a aussi une rentrée littéraire des livres de poche… L’évènementialisation ne veut pas me laisser tranquille. Dans ma wishlist de cette rentrée littéraire poche (car on n’est pas à une contradiction près), il y a donc : La Mer de la tranquillité d’Emily St. John Mandel (cet été, j’ai lu et totalement adoré son Station Eleven) ou encore Pauvre Folle de Chloé Delaume. Même si avant cela, il faudrait que je lise les 898 livres de poche de ma PAL (4).

Et vous, poche ou grand format ?

À bientôt et lisez, c’est tellement bien,

Marie


(1) Hormis les albums de BD que j’achète bien trop et que je ne sais plus où ranger et les romans d’ami·es auteur·rices que j’achète dès leur sortie (pour les soutenir au mieux car, en édition, les démarrages sont importants).

(2) Elle est très ingénieuse et a été dessinée par les architectes d’Atelier Dito qui se sont occupé de la rénovation de mon appartement il y a quelques années.

(3) Rendons à César ce qui est est à César : la véritable naissance du format poche remonte à la création, en 1935, en Angleterre, des éditions Penguin. Si l’histoire du livre de poche vous intrigue, écoutez cet épisode de La Fabrique de l’histoire : Séisme dans l’édition : la naissance du livre de poche.

(4) Il y a un point que je n’aborde pas ici : les couvertures des livres de poche qui sont, en général, plus graphiques (même si certain·es pesteraient en disant que ça ne vaut pas les couvertures anglaises !) que celles des livres grand format (disons que si on aime la fantaisie, la collection blanche de Gallimard manque un peu de piquant).


Quelque chose à lire

Les poils. Plus exactement les poils des femmes. Un vaste sujet auquel s’attellent, avec La Haine du poil, Sara Piazza, psychologue clinicienne et docteure en psychopathologie et psychanalyse, Alexia Chandon-Piazza, psychologue clinicienne et artiste-autrice, et Juliette Mancini, autrice de bandes dessinées et illustratrice. Avec humour (je n’avais jamais vu des poils parler, ils ont plein de choses à dire) et finesse (on croise une adolescente, une psychanalyste, une esthéticienne, une femme atteinte d’un cancer, des militantes et même des hommes), les autrices analysent les enjeux politiques de la traque des poils féminins et c’est passionnant.

Après la lecture de cette BD, j’aurais (presque) envie d’en finir avec cire et rasoir et d’utiliser tout ce temps et cet argent économisés pour acheter puis lire de nouveaux livres (il semblerait que ma PAL ne soit pas assez haute).

La Haine du poil, une BD de Juliette Mancini, Sara Piazza & Alexia Chandon-Piazza, éd. Cambourakis, 176 p., 22 euros.

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La Vie des choses

La Vie des choses

Par Marie Signoret