Des frisottis, du plastique jurassien et des jouissances de lecture
J’ai toujours une barrette à cheveux à portée de main. Parce que les cheveux détachés, ça tient chaud. Et parce que les cheveux bouclés (1) ont tendance à vivre leur propre vie.
Pendant longtemps, pour éviter ce genre de déconvenue, je me suis lissé les cheveux. Patiemment, après chaque shampoing, le fer à lisser. Se brûler les doigts parce qu'on regarde une série TV en même temps (sûrement Mad Men à cette époque). Se brûler les cheveux aussi parfois. Toujours chercher cette épiphanie qui suit le brushing au salon de coiffure. Ne jamais y arriver.
Je dois bien avouer que mes efforts étaient vains. Mes frisottis frétillaient de la croupe dès que les premières gouttes de pluie se mettaient à tomber ou dès que je m’approchais un peu trop près d’un front de mer.
Et, un jour, beaucoup par flemme, un peu par militantisme (et aussi sûrement parce que Jennifer Aniston n’était plus le summum du cool), je laisse les boucles revenir. Il faut un peu les aider. Heureusement, Internet regorge de conseils sur le plopping, le no-poo et je-ne-sais-quel concept spécial cheveux bouclés. Comme dans les meilleures romcoms, retournement de situation, la fille retire ses lunettes, ploppe ses cheveux texturés et en fait elle est canon (2).
Encore par flemme, je ne passe pas 15 minutes tous les matins à reformer mes boucles et il me faut de jolies barrettes à cheveux pour laisser penser que je me coiffe.
J’ai trouvé celle-ci dans une boutique vintage (3). Elle est 100% plastique made in Oyonnax, dans la « Plastics Valley », et semble dater des années 60. Elle est faite d’un plastique nacré qu’on pourrait prendre de loin pour quelque matière précieuse. Elle ne retient qu’une petite mèche de cheveux. Et si je tente quand même d’y fourrer une grosse mèche, bim !, elle s’ouvre toute seule, prête à s’envoler vers d’autres aventures au moindre désaccord capillaire.
Et vous, vous laissez vos cheveux en paix ? Et quel objet a marqué votre semaine ?
À bientôt et ne vous arrachez pas trop les cheveux,
Marie
(1) Il y a une nomenclature très pointue chez les cheveux bouclés et, pour tout dire, je ne sais pas trop si je suis 2B ou 3A.
(2) Rendons à César ses cheveux bouclés (ou ses cheveux tout court). Tout cela (je ne parle pas que de mes cheveux mais de la libération de la boucle à laquelle on assiste depuis quelques années) n'aurait pas été possible sans le mouvement nappy. Wikipedia saura vous en dire plus que moi.
(3) Il me semble que c’était chez Fripes Ketchup (25 rue Sergent Blandan, Lyon 1er).
Beaucoup de pression pour décrire le plaisir ressenti à la lecture de ce court texte de Clémentine Beauvais, autrice jeunesse de talent. Beaucoup de pression car dans ce manifeste, l’autrice explique comme il est dur de décrire nos plaisirs de lecture, parce qu’on ne nous a jamais appris.
« Pour jouir de la lecture, il faut aller au-delà des définitions binaires du goût littéraire - d’un côté élitisme, de l’autre relativisme - et du plaisir de lire - d’un côté plaisir-souffrance, de l’autre plaisir-évidence. » (Voyez comme je botte en touche en citant le texte plutôt qu’en le commentant !) Le propos est intelligent, l’écriture solaire. Il ne me reste plus qu’à participer à un book club à la rentrée pour apprendre à parler de mes jouissances de lecture.
Comment jouir de la lecture, un texte de Clémentine Beauvais, éd. La Martinière Jeunesse, collection ALT, 32 p., 3,50 euros.
Ne serait-ce pas le moment de la pause estivale ? Je vous donne rendez-vous début septembre pour parler de la vie des choses. D'ici là, je vous souhaite un très bel été !